Production Opéra de Lausanne

Création avril 2010 et reprise novembre 2015

Musique
Maurice Ravel et Livret de Colette

Adaptation et direction musicale
Didier Puntos

Mise en scène
Benjamin Knobil

Décors
Jean-Marie Abplanalp

Costumes
Sébastien Guenot
Chapeaux Olivier Falconnier

Lumières
Henri Merzeau

Distribution avril 2010
Solenn’ Lavanant-Linke
Sibyl Zanganelli
Benoît Capt
Prune Guillaumon
Liliana Faraon
Alexandre Diakoff
Stuart Patterson
Julie Martin du Theil

Distribution novembre 2015
Mashal Arman
Marina Viotti
Céline Soudain
Guillaume Paire
Sylvain Kuntz
Céline Mellon
Aurélie Jarjaye
André Gass

Après avoir vu ma mise en scène d’une version de poche de « L’opéra de quat’sous » au Théâtre des Teintureries à Lausanne, Eric Vigié m’a proposé de mettre en scène L’Enfant et les Sortilèges à L’opéra de Lausanne. Il m’a offert le cadeau merveilleux d’une production clef en main.

L’adaptation magistrale de Didier Puntos pour piano quatre mains, flute et violoncelle est une augmentation plus qu’une réduction. Il a su extraire le substrat essentiel de l’œuvre de Ravel et la mener à un niveau de cristal. Avoir Didier Puntos pour partenaire pour une première mise en scène d’opéra est un sortilège envoutant car ses talents musicaux et humains vous élèvent avec lui. Enfin, la distribution jeune et dynamique proposée par Eric Vigié a su insufler le souffle et la dynamique voulue pour ce projet.

L’Enfant et les Sortilèges de Ravel et Colette est pour moi un cauchemar éveillé où le monde des adultes et l’imaginaire de l’enfance se confondent dans une inquiétante féérie. L’Enfant se révolte contre sa mère et contre la réalité froide et sans amour qu’elle représente. En détruisant les objets de sa maison et en molestant les animaux, l’Enfant cherche à s’affranchir de l’univers oppressif des adultes, représenté par sa mère, où le rêve doit faire place au devoir et à la responsabilité.

L’univers fantastique qui déroule ici ses sortilèges est ainsi à la confluence du réel et de l’imaginaire de l’Enfant. C’est un mélange angoissant et transgressif des chimères et du quotidien. Sommes-nous dans un conte fantastique où les objets prennent vie tout seuls, ou bien en présence d’un exutoire fantasmagorique de l’Enfant ? C’est cette question ouverte qui fait toute la magie et le charme du livret de Colette.

La résolution de cette fable est à cet égard plutôt ambiguë. Si le conte que vit l’Enfant est culpabilisant et effrayant, c’est aussi une grande aventure initiatique. Retrouver la contrainte moraliste et normalisée du monde réél sera-t-elle vraiment pour l’Enfant un soulagement? Le vrai cauchemar est-il dans la réalité ou dans le monde des songes ?

Les thématiques présentes dans le livret sont en vibration avec les débuts du surréalisme des années 1920. On y retrouve avec bonheur l’idée nouvelle et freudienne que les rêves sont une manifestation de l’inconscient. Partant de cette idée, j’ai voulu un décor dont les proportions menaçantes et déformées soient à hauteur d’enfant. Pour les personnages, nous avons imaginé, avec Sébastien Guenot, avec l’aide d’Olivier Flaconnier, des silhouettes hybrides et surréalistes, mi-humaines, mi-objet ou mi-animales, en s’inspirant librement de l’univers de Magritte et Max Ernst. Pour aller dans ce sens, il m’a paru indispensable de construire le travail sur une narration visuelle inquiétante et surréaliste, se renouvellant en permanence, jouant sans cesse avec les situations et créant sans cesse du suspens. Mon ambition est que le jeune public inexpérimenté oublie la forme parfois déconcertante de l’art lyrique et qu’il suive les ouïes grandes ouvertes une histoire pleine de sortilèges qui s’avère être un opéra magnifique.

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